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En eaux troubles : incertitudes et vulnérabilité sociale des pêcheurs piroguiers face au choléra (2014)

Sous-titre : Pecheurs et cholera a Vridi (Abidjan), Côte d’Ivoire

Auteurs / Organisations : Léonard Heyerdahl / Université de Caen

Année : 2015

Pays : Côte d\'Ivoire


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Plus de 85% des pêcheurs maritimes opérant en Côte d’Ivoire sont d’origine étrangère. Sur la capitale, Abidjan, le principal quartier de pêche se nomme Vridi3 dit également Zimbabwe. Celui-ci est considéré par les autorités comme un quartier « précaire », qui se serait développé « spontanément » . Celui-ci serait le lieu du démarrage de choléra l’épidémie de 2006.

La vie du quartier est largement rythmée par la pêche piroguière et industrielle. Une division genrée du travail veut que les hommes s’affairent à la pêche, la réparation des filets et des moteurs, le chargement de bois, tandis que les femmes s’occupent de la transformation et de la revente du poisson. De nombreuses nationalités et éthnies sont représentées, Ghana (Fante), Côte d’ivoire (Baoulé, Dioula…). Le nombre d’habitants fluctue en fonction de la saison de pêche : le maximum est observé entre juin et octobre pendant la haute saison des pêche qui est également celle des pluies et celle le plus à risque pour le choléra. L’officialisation du quartier est en cours, ceci se traduit par l’arrivée de certains services de base, tel que l’électricité à partir de 2008.

L’observation et les entretiens approfondis ont montré qu’en haute saison, une grande partie des pêcheurs n’a pas accès à un logement sur terre. Ceux cis, à très forte majorité des hommes jeunes, dorment sur la pirogue. Le plus souvent ces jeunes sont liés par des contrats oraux à long terme, ils sont sous la responsabilité de leur Bosco (capitaine) qui leur fournit le linge, la nourriture et prend en charge leurs soins. Leur salaire est cependant reversé à la fin de leur contrat par un systèmes de part, communément appelé le système « company ». Ces paiements retardés sont une source de vulnérabilité économique considérable pour les jeunes.  Peu de pêcheurs investissent localement et se sédentarisent car pour une large part leur souhait est de rentrer à terme dans leur village d’origine. Ils craignent également la survenue de crises politiques comme celles de 2002, 2004 et 2011 et les expropriations, ceci explique un faible sentiment d’appropriation du quartier. Celui-ci bénéficie en outre d’investissements en infrastructure limités, seule une partie du quartier est relié à l’eau de canalisation, Celui-ci est alimenté par le réseau de la SODECI depuis 2006, suite à l’épidémie de choléra. Auparavant, la population utilisait des puits privés de 2-3m de profondeurs et l’eau de pluie. L’eau de la lagune était également utilisée pour certains usages. L’accès aux toilettes publiques étaient très faibles avant 2006. Après 2006, la mairie de Port Bouêt a décidé d’améliorer les conditions sanitaires en appuyant la création de toilettes et en détruisant les toilettes sur pilotis présentes sur le bord de la lagune. A ce jour (2014) aucun système d’évacuation et d’assainissement des eaux n’existe.

L’épidémie de 2006 a constitué un électrochoc et a permis une amélioration des conditions d’accès à l’eau et à l’assainissement du quartier. Concernant la sensibilisation, celle-ci n’a duré que le temps de la flambée, elle ne s’est pas prolongée les années suivantes.

Les entretiens approfondis réalisées montrent une bonne connaissance du choléra et de ses symptômes par l’ensemble des personnes interrogées. Les conceptions liées à l’origine de la maladie sont variées et vont du biomédical auquel s’ajoute dans certains cas l’occulte, ceci tant au niveau des pêcheurs que du personnel de santé. Différents parcours thérapeutiques sont à l’œuvre pour les malades, qui trouvent généralement leur origine dans l’interprétation de l’origine de la maladie, de considérations pécuniaires et de peurs du stigmate des pairs et des personnels de soins. Ces itinéraires varient également en fonction de l’avancement de l’épidémie, en début les patients ont plus tendance a avoir recours au soin hors  L’étude a permis de mettre également en évidence la barrière de la langue qui rend difficile la compréhension des messages de sensibilisation ainsi que l’accès aux soins.

 

Over 85% of the fishermen in Ivory Coast are strangers. In Abidjan, Their main living place is Vridi 3, also called Zimbabwe which is considered by local authorities as “precarious” and to have developed “spontaneously”. This neighbourhood is considered by health authorities as the the origin of the 2006 cholera outbreak.

The neighborhood activities revolve around artisanal and industrial fishing. Work is often divided by gender. Men are busy fishing, repairing nets and motors, while women transform and sell fish. The neighbourhood is composed of different nationalities and ethnies, many inhabitants are Ghanaian (Fante), Ivorian (Baoule, Dioula…). The population vary according to the season: the maximum is noticed between June and October. The official recognition of the area is ongoing, leading to the development of access to some basic services such as connected to the electrical grid since 2008.

The study demonstrates that during the high season, not all fishermen have access to a house in the neighbourhood. Some, mostly young men, live on their canoe. Most times, these young men are bounded by oral contracts and are under the responsibility of their captains (bosco) who provides for food and health care. The fishermen’s salary is due at the end of the contract, once all expenses are deducted and on the basis of a share system. This contractual system is referred to as the “company system”. Only a few fishermen have locally invested in a house and planned to stay in Ivory Coast. Their long term willingness is to go back to their village. They are worried of recurring political crises (such as 2002, 2004, 2011) and the risk of the expropriations. Those points can explain in part the poor sense of belonging and self-investment in the area. After the outbreaks of 2006, the SODECI developed its water network up to the Zimbabwe neighbourhood. Before that, people were fetching water in private boreholes (2-3m deep) and through rainwater harvesting. Water from the lagoon was also drawn for specific uses. After 2006, the city council has also decided to improve access to sanitation facilities by creating new toilets and by destroying the old ones, built on stilts directly on the lagoon. There are not waste water systems set up in the neighborhood.

We can see that the 2006 epidemic acted like an enzyme, catalysing actors for the improvement of the access to water and sanitation in this area. Sensitization activities are usually implemented only during epidemic periods and since the last outbreak, they have not been maintained during the following years. It appears that after the emergency response led by the ONG, local stakeholders are waiting for the international NGO to continue their activities. Nobody wants to take responsibility to maintain the activities initiated during the 2006 epidemic.

The interviewees had a good knowledge on cholera and on its symptoms. The perceptions on the causes of the cholera are various ranging form biomedical to sometimes occult notions, for both the medical staff and the fishermen. Althought the hospital is the most cited recommended place for treatment by participants, interviews showcase a variations in therapeutic itineraries rooted in different interpretations of the cause of the sickness, economic considerations and the fear of stigma from peers or the medical staff. They also vary depending on the stage of the epidemics, with earlier cases more prone to seek care outside of the hospital.. The language barrier seemed to impact the cholera response as people will not understand the messages and will not have access to the health structure afterwards.

 

 

 

 

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