Épidémiologie du choléra et évaluation du Système d’Alerte Précoce en République de Guinée (2009)
Auteurs / Organisation : Bertrand Sudre, Didier Bompangue / Laboratoire Chrono Environnement Unité Mixte de Recherche Université de Franche Comté
Année : 2009
Pays : Guinée
Les flambées épidémiques qui ont touché le pays ont débuté au niveau des localités des zones littorales et très souvent dans les zones insulaires. Deux grands types d’espace à risque existent sur la zone littorale : l’espace urbain constitué par les 3 villes de Conakry, Kindia et Kamsar dans la préfecture de Boké, frontalière avec la Guinée Bissau, et l’ensemble des sous-préfectures et espaces insulaires de la bande littorale. A partir de 1994, des localités continentales étaient également affectées mais dans une moindre mesure.
L’analyse épidémiologique a mis en évidence que la ville de Conakry et les préfectures voisines de Coyah, Dubréka et Forécariah constituent un ensemble épidémiologique. L’extension continentale secondaire a touché en priorité la préfecture de Kindia et ensuite dans une moindre mesure les préfectures adjacentes. Il est donc primordial d’assurer une veille sanitaire renforcée dans ces zones et ceci dès le mois d’avril. En revanche dans les régions de Guinée forestière et Haute Guinée, les démarrages épidémiques ont eu lieu dès le mois de janvier. L’extension a suivi ensuite les principaux axes de communication mais avec une amplitude plus faible que dans la région littorale. La veille sanitaire opérationnelle sur les axes Conakry-Lola et Conakry-Kankan doit être basée sur un échange fluide d’informations (entre tous les échelons : local-national et même transfrontalière) afin d’anticiper la diffusion de toute épidémie.
Les facteurs de risque identifiés à l’échelle des préfectures ont été les suivants : la saisonnalité en Guinée Maritime, la circulation des personnes, le climat, la proximité avec le littoral et la taille des villes. Il apparait également que l’accès à l’eau potable est insuffisant et les conditions d’assainissement dégradées. Cette première étude donne des éléments, alors approfondies dans l’étude WASH hotspot Guinée de 2016 (cf. index : 22 et 23).
Le système d’Alerte Précoce (SAP) fonctionne mais les points suivants sont à améliorer :
- Améliorer la surveillance communautaire,
- Améliorer les capacités logistiques de remontée des cas vers les directions préfectorales de la santé et d’archivages des notifications de cas des centres de santé,
- Renforcer le niveau de formation des différents acteurs de la surveillance,
- Apporter une aide logistique aux structures de diagnostic et de confirmation biologique,
- Mettre en place un système formalisé de diffusion de l’information au niveau local,
- Promouvoir une approche multisectorielle et la coopération transfrontalière.
Pour améliorer la lutte contre le choléra, les recommandations sont les suivantes :
- Cibler les mesures de détection précoce et améliorer la sensibilité du système de surveillance épidémiologique des épidémies de choléra,
- Renforcer la surveillance biologique des cas de choléra,
- Conduire une investigation sur le choléra et les maladies diarrhéiques dans les zones littorales et insulaires,
- Mettre en place des projets EHA.
Le rapport complet est téléchargeable ci-dessous.
Cholera outbreaks that affected the country in the past usually started in places alongside the coastal and islands areas. Two high-risk locations have been identified alongside the coast: the urban cities (Conakry, Kindia and Kamsar in the Boké prefecture, bordering Guinea Bissau) and all the sub-prefectures and the insular region of the coastal area. Since 1994, inland cities were also affected but to a lesser extent.
Epidemiological analysis highlighted that Conakry and the surrounding prefectures of Coyah, Dubréka and Forécariah constitute an epidemiological entity. The continental propagation, coming in a second wave, has mainly affected Kindia prefecture and to a lesser extent, the surrounding prefectures. Hence, this is critical to ensure a reinforced surveillance system in those areas, on an early basis, from the month of April. In Forest Guinea and Upper Guinea, the outbreaks usually started around January. The epidemic propagation follows the communication axes with a lower incidence than in the coastal areas. The operational health surveillance and monitoring system on the axes Conakry-Lola and Conakry-Kankan should be based on a proper information exchange (feeding in and feeding back between all the levels: local - national - across borders) to prevent the epidemics diffusion.
The identified risk factors for each prefecture in Maritime Guinea have been: the seasonality effect, the climate, the proximity to the coast and the size of the cities. It appears also that access to water is insufficient and that the sanitation conditions are very poor. This first study gave findings, some of which were deepened in 2016 during the study entitled: “WASH hotspots Guinea” (see #22 and 23).
The early detection system is running properly but the following points could be improved:
- Community-based surveillance,
- Logistic capacities to ensure the notification of cases to the health prefectural directorates and to develop an efficient system to collect and archive data from health centres,
- Training on surveillance for the stakeholders,
- Logistic to support the structures in charge of the diagnosis and biological confirmation,
- A formal information system to share information at the local level,
- The promotion of a multisector approach and cross border cooperation.
To improve cholera control, the recommendations are:
- To target the measures to improve the early detection and to increase the sensitivity of the surveillance system for cholera epidemics,
- To reinforce the biological surveillance of cholera,
- To lead investigations on cholera and diarrhoeal diseases,
- To implement WASH projects.