Niger - Etude des facteurs de récurrence des épidémies de choléra au Niger – Mission II : Etude de l’axe Diffa, Maradi, Zinder (2014)
Auteurs/Organisations : Didier Bompangue, Bien Aimé Mandja, Annie Mutombo
Année : 2014
Ce rapport relate de la seconde mission de l’équipe de recherche, focalisée sur l’étude de la dynamique du choléra à l’échelle globale des districts sanitaires du Niger. La première mission (mai- juillet 2013) avait permis d’identifier, entre autres, les deux principales portes d’entrées du choléra au Niger : l’axe Tillaberi -Tahoua en lien avec le Mali et l’axe Maradi-Zinder-Diffa en lien avec le Nigeria.
La seconde phase de la mission, réalisée du 27 avril au 9 mai 2014, a porté sur la compréhension des mécanismes de persistance, de redémarrage et de diffusion des épidémies de choléra à l’échelle des Centres de Santé Intégrés (CSI) des districts de Diffa et Maradi. Ainsi, l’épidémie de Diffa en 2010 serait partie des villes de Maiduguri et de Damasak du Nigeria. Les CSI les plus touchés étaient Bosso et Bagara, deux localités frontalières respectivement du Nigeria et du Tchad. L’hypothèse d’un démarrage hors du Niger est corroborée par le fait que l’analyse du profil des patients retrouvés dans le registre du CSI de Bagara a confirmé la présence de personnes en provenance de Maiduguri et de Damasak (Nigeria).
Pendant l’épidémie de 2011 dans le district de Madarounfa, le CSI le plus atteint était celui de Maraka qui est aussi frontalier avec le Nigeria. L’étude de la dynamique temporelle de ces deux épidémies a révélé que leur amplification a eu lieu pendant la saison des pluies. Les cas résiduels de choléra, précédent la phase d’amplification sont généralement retrouvés autour des CSI où se retrouvent aussi les principales mares temporaires.
L’étude de la dynamique spatiale et temporelle des cas de choléra à l’échelle des CSI dans les districts de Diffa et Madarounfa a permis d’établir une typologie des CSI lors des épidémies qui ont sévi respectivement en 2010 et 2011. C’est ainsi qu’il a été possible de distinguer des CSI de type I (porte d’entrée de l’épidémie comme ceux de Bosso - district Diffa - et Madarounfa - district Madarounfa), type II (zones à partir desquelles l’épidémie s’est amplifiée et a diffusé dans les autres CSI tout en y persistant comme ceux de Gadara, Déwa, Zabwaram - district Diffa – et Maraka, Gabi et Safo - district Madarounfa), type III (zones touchées de façon sporadique et très brève à partir des CSI de type II) et de type IV (zones n’ayant pas été touchées par l’épidémie).
Enfin, il ressort de cette analyse qu’il est recommandé d’étudier les rôles des mares temporaires et du mode de vie des populations autour de ces mares pour encore mieux affiner les facteurs de persistance du choléra au niveau des portes d’entrée de choléra au Niger. Il ressortait également que la collaboration transfrontalière est essentielle et critique afin d’initier les activités de prévention dans les pays frontaliers, dès que des flambées sont en cours dans les zones partageant le même bassin épidémiologique.
This report is related to the second mission led by a research team focusing on the study of the cholera dynamic at national level in Niger, analysed by health districts. The first mission (May-July 2013) led notably to the identification of the two main cholera entry points in Niger as Tillaberi-Tahoua axis connected to Mali and the Maradi-Zinder-Diffa axis connected to Nigeria.
The second phase of the mission (April 27th-May 9th 2014) was about understanding the persistence, resurgence and spread mechanisms of the cholera epidemics, analysing at the Health Centres livel in Diffa and Maradi districts. It appears that the 2010 Diffa epidemics started from Maiduguri and Damazak cities, in Nigeria. The most affected Health centres were Bosso and Bagara, two localities closed to the Nigeria and Chad borders. The assumption of an origin external to Niger was also reinforced by the patient profile. The cases registry of the Bagara Health Center was confirmed by the presence of people from Maiduguri and Damasak (Nigeria).
During the 2011 epidemic in the Madarounfa district, Maraka health center was the most affected, also bordering Nigeria. The study of the time-bound dynamic of these two outbreaks revealed an increase during the rainy season. The remaining cholera cases, from the previous amplification phase, were in general in the neighbourhood of the health centers where people could also find temporary water ponds.
The study of the spatial and time-bound dynamic of the cholera cases at the health center level in Diffa and Madarounfa led to the classification and ranking of health centers during the 2010 and 2011 epidemics. 4 types of health centers were identified. The first one (type I) is considered as cholera epidemic entry points as Bosso (Diffa District) and Madarounfa (Madarounfa district). The second one (type II) is for areas where the epidemic increased and spread to other health areas (Gadara, Dewa, Zabwaram (Diffa district) and Marak, Gabi and Safo (Madarounfa district)). The third one (Type III) is for districts which were sporadically and briefly affected by cholera epidemics originating from districts of type II. The last type (Type IV) is finally for areas not affected by cholera epidemics.
Recommendations proposed to study the role played by the temporary ponds and the hygiene practices of people living in these areas. This study would lead to a better understanding of the persistence factors at the cholera entry points in Niger. It shall also highlight the essential and critical role of cross-border collaboration to kick-off the prevention activities as soon as outbreaks are notified in the epidemiologic basin.